Réalisateur : MAETZIG Kurt
Distribution : Artus Films


Date de sortie en salle : 1960/sortie DVD Artus films : juin 2020

Allemagne de l’Est/Pologne

Collection SF Vintage

Versions : français, allemand
Sous titres : français
Format Cinemascope 2.35 - 16/9ème compatible 4/3
Durée : 89min

Avec : Yoko Tani, Oldrich Lukes, Ignacy Machowski, Julius Ongewe…
L’étoile rouge du silence, par Christian Lucas
Diaporama d’affiches et de photos
Film-annonce original


Artus Film a l'art et la manière de nous dénicher des pépites incroyables. Cette fois c'est dans la collection SF Vintage que cela se passe. Ce film est une coproduction RDA-Pologne de 1960. Dit comme cela, vous pourriez vous inquiéter de la qualité du film. Ce n'est qu'un a priori qu'il vous faut balayer de votre esprit. L'étoile du Silence est un film de Sf qui est à l'opposé des productions US qui ont marqué des générations. Vous aurez de nombreuses informations sur le sujet dans le bonus de 12 minutes de Christian Lucas. Sans tout vous dévoiler ici, nous tenons à préciser que le sujet (un voyage sur la planète Venus) est traité d'une façon très humaniste.

C'est à dire que la Terre découvre un objet qui vient de l'espace sur lequel se trouve un message. Grâce à la collaboration d'une équipe scientifique internationale et pluridisciplinaire, nous apprenons qu'il vient de l'étoile du berger (la planète Venus). Alors que tous la radars sont braqués dans sa direction, aucun nouveau signal n'est capté. De là vient le titre du film "l'étoile du silence". Peu importe, un équipage est dépêché. Il est composé Encore une fois de scientifiques (et pas des militaires destructeurs) de toutes les nations et des deux sexes (l'égalité homme - femme fait partie des valeurs communistes que veut transmettre le film). Un vaisseau qui devait aller sur Mars est utilisé pour aller sur Venus. Tout le monde est très confiant. Mais une fois sur place les astronautes vont trouver une planète détruite. Ils vont vite comprendre pourquoi la vie a disparu. Et au péril de leurs vies, vont commencer une courte exploration. Ce qui va se révéler fatal pour certains membres d'équipage, mais qui au final permettra de rapporter un message pour construire un avenir à l'humanité.

Le film de 89 minutes va très vite. Le scénario qui a été travaillé par 12 scénaristes sur plusieurs années reste au final fidèle au roman Feu Vénus aux éditions Gallimard, de l’auteur polonais Stanislas Lem (Solaris adapté par Tarkovski et Soderberg, Le Bréviaire des robots, La Cybériade, etc .). Nous y retrouvons tous les éléments de la Sf exploratrice. Si la menace extraterrestre existe, le traitement proposé n'est pas celui de la guerre. Ici c'est la connaissance qui est mise en avant. Un plan est mis au point pour aller à la rencontre des habitants de Vénus, pour savoir quelles étaient leurs intentions. Et face à la désolation de la planète, les scientifiques souhaitent savoir pourquoi Venus est dans cet état. Et si la vie existe encore. Tout le monde va travailler dans le même sens, pour le bien de la mission. Pas de traître, de cavalier seul. L'objectif est de servir les intérêts supérieurs de la planète Terre. Homme, Femme, quelle que soit la couleur de votre peau, peu importe. Il y a des réponses à trouver. C'est ensemble qu'elles seront trouvées. Par de héros ave des personnages secondaires ou de blonde potiche. Chaque acteur à un rôle à jouer. Toutes les pièces du système sont utiles à égale mesure. Et si malheureusement certaines viennent à être sacrifiées, elles ne seront pas oubliées.

Le message de propagande est parfait.
Il faut dire que l'époque s'y prête bien. En 1960 quand sort L'étoile du silence, les Russes ont déjà un satellite en orbite (4 octobre 1957) et vont bientôt envoyer un homme dans l'espace (12 avril 1961). Les américains sont à la traîne sur le sujet. Alors partir sur Venus, cela peut se faire en toute confiance n’est-ce pas ?
Le passé des personnages va aussi servir le propos. Même si cela n'est pas tout de suite évident. Une fois les dernières paroles prononcées, vous comprendrez toute l'importance de ce background. Notamment le choix de Mona (Yoko Tani) en tant que japonaise. Ou du physicien américain le Pr Hawling (Oldrich Lukes), (Weimann qui est un ancien professeur de Hawling a un discours qui sonne comme celui qu’aurait pu prononcer Oppenheimer nous semble-t-il).
La qualité de la réalisation est à signaler. Avec un choix de couleurs qui fonctionne très bien. L'utilisation du procédé Agfacolor a un très bon rendu à l'image dans cette version 2k restaurée. Les costumes ne sont pas ridicules. Donner des couleurs différentes permet de savoir qui est qui, par exemple, même de dos, ou que le visage n'est pas visible.
Les effets spéciaux de Helmut Grewald ne sont pas kitchs loin s’en faut. Les effets de lumière, de brouillard, les maquettes n'ont pas si mal vieillis. Preuve en est, une fois de plus, qu'il vaut mieux un bon accessoire qu'un effet numérique mal maîtrisé. Et tant pis pour la pénurie de colle qui a suivi le tournage du film. C'était pour la bonne cause (se reporter aux bonus du dvd pour avoir plus d’explications).
Les acteurs tiennent leur rôle à merveille. Si certaines attitudes sont parfois en décalage avec notre époque, cela ne dure que quelques instants.
Il faudra tout de même nous expliquer le choix de la mise en scène pour le dialogue entre le Pr Arseniev et le Pr Hawling au milieu des champs, mais cela n'est qu'une toute petite scène en début de film.
Si vous voulez être surpris, sur les dialogues, nous vous conseillons de voir le film en français au lieu de la version originale en allemand, mais d'afficher les sous titres. Alors là, il y a de quoi discuter sur les choix de traduction, de rajout d'information, de transformation des paroles etc. Comme si la guerre idéologique se prolongeait.
Un dernier mot sur la musique de Andrzej Markowski qui donne une ambiance parfaite aux séquences. Dire que le film à fait l'objet d'un remontage aux USA, que la musique a été supprimée et que le titre est devenu First Spaceship on Venus. Quelle bêtise.
Peu importe. Artus film nous permet de découvrir en version restaurée ce petit bijou de la Sf Est allemande qui ne manquera pas de vous séduire, sans l'ombre d'un doute.


Xavier