10 ans après La planète du silence, la DEFA se lance de nouveau dans la SF. Nous sommes en 1970. La conquête de l'espace n'est plus à l'avantage du bloc de l'Est (les premiers pas sur la Lune sont américains comme vous le savez). Coté politique, le mur de Berlin a été édifié en 1961. Pour le cinéma, 2001 l'Odyssée de l'espace est sorti en 1969.
Pour schématiser, l'Allemagne de l'Est est retard sur tous ces plans. Et le principe du voyage et de l'évasion, comme le souligne Christian Lucas dans les bonus, n'est pas l'ordre du jour pour les habitants de RDA.

Le choix de l'adaptation du roman « Asteroidenjaeger » de Carlos Rasch, 1961 (inédit en français) peut donc paraître curieux.
Surtout quand on se penche sur le film : l'histoire est bien mince. L'intérêt du film, de notre point de vue se trouve dans les effets spéciaux et la réalisation uniquement. Car pour le reste, c'est bien creux. La faute au contrôle étatique et à la censure ? Peut-être.
La réalisation : le choix des effets de caméra, avec ses rotations pour donner des sensations de mouvement au spectateur est une choix intéressant. N'ayez pas peur. Cet artifice est beaucoup utilisé au début du film, mais cela passe ensuite. Il y aura encore la séquence d'entraînement des cosmonautes à la 31ème minute qui sera assez longue pour remuer les plus délicats d'entre vous, mais rien l'insurmontable soyez rassurés.
Vous aurez aussi droit à des caméras inversées, pour vous donner des impressions de travail ou de déplacement en apesanteur. Sans jamais montrer les acteurs en entiers, pour éviter de voir les câbles ou les planches qui les soutiennent. Ce petit jeu d'angles fonctionne bien. Le rendu l'image est très crédible.
D'autant plus que les effets spéciaux sont à la hauteur. Avec par exemple des décors construits à l'échelle 1. Tout de suite, cela crève l'écran. Voir un acteur intervenir dans un environnement à taille réelle donne de la crédibilité à la scène.
Les maquettes qui sont utilisées pour les vues extérieures des vaisseaux, le sont avec efficacité et pertinence.
D'autant que les passages dans l'espace n'ont pas de fond sonore. Ce qui est conforme à la réalité (personne ne vous entend crier dans l'espace) et plombe un peu plus l'ambiance, qui n'est déjà pas très joyeuse.
Il faut dire que cette mission de secours, montée par l'équipage du Laika pour tenter d'aller sauver l 'Ikarios, n'a aucune chance de réussite. Plusieurs hauts responsables ont tenté de faire échouer le lancement de l'opération. Et les cosmonautes eux mêmes ont des doutes sur leurs capacités à mener à bien leur mission.
Atmosphère très pesante tout au long du film, qui contraste avec les scènes d'introduction et de fin qui se déroulent sur Terre et montrent des scènes de joies.
Seul autre moment du film qui est heureux, le petit dessin animé pour l'anniversaire de Gaston. Mais cette scène est interrompue par un évènement qui replonge le film dans un état de tension intense.
Au final cette histoire de signal extraterrestre ne sera jamais éclaircie. Il n'est qu'un prétexte à cette mission de sauvetage du Ikarios.

Un film très curieux. À voir avec des yeux nostalgiques de l'époque où les effets numériques n'existaient pas.
Si vous le décortiquez d'un point de vue technique, c'est un très bon sujet d'étude. De la même façon, si vous souhaitez réfléchir sur la psychologie de chaque personnage vous avez de quoi faire (leur personnalité forte, qui leur a permis d'avoir leur place dans l'équipage, leur haute compétence professionnelle, leur faiblesse, leurs doutes, leurs jeux, leurs obsessions...) .
Signal est un film plus marqué d'un point de vue politique et social que la planète du silence.
À découvrir sans attendre pour les amoureux de Sf vintage.