Salle :  
Ville : Angouleme





Nouvelle édition du FIBD à Angoulême, qui met à l’honneur tous les styles du 9eme art.
Seule véritable nouveauté : la BDthèque installée au sous sol de l’Espace Franquin à côté des auditoriums. Notons aussi le déplacement du pôle manga à côté de la Nef (a proximité de la gare), mais l’exposition sur Gunnm était à l’espace Franquin.


Nous avons beaucoup espéré pendant l’année une exposition sur le travail de Rumiko Takahashi, reine du manga, qui a reçu le grand prix d’Angoulême l’année dernière. Malheureusement, cela n’a pas pu être réalisé. L’explication est simple et tout à fait compréhensible : Rumiko Takahashi s’occupe d’une personne de sa famille au quotidien, ce qui ne lui permet pas de voyager. Et elle ne souhaite pas faire transporter ses originaux.



Cela dit, les éditions Glénat ont permis aux amateurs de manga d’en prendre plein les yeux, avec l’exposition sur Yukito Kishiro (gunnm). Dans une zone sombre de l’espace Franquin, comme l’univers du manga, vous retrouviez des planches originales pour découvrir les différentes facettes de cette œuvre majeure de la Sf japonaise qui a été portée à l’écran par Robert Rodriguez produit par James Cameron.




Cette histoire très violente a des nombreuses références, dont la première est celle à Metropolis.
Le travail sur le corps est un sujet central. La transformation en Fury est aussi un thème important. Et cette quête pour monter à Zalem, zone soit disant riche et fantasmée où seuls les élus peuvent accéder. Sorte d’Eden terrestre au dessus de ce vaste dépotoir où il est si difficile de survivre.



Les différents acteurs de ce manga ont tous un espoir d’élévation, d’accession ou de libération (pour eux ou leur semblable). C’est cet objectif qui contraste avec l’atmosphère de la série.

Cette tension, qui ressort de l’équilibre fragile entre l’envie de bonheur et la dureté de la vie quotidienne, se retrouve aussi dans les dessins très fins et soignés de Yukito Kishiro. Avec beaucoup de détails, un travail sur le noir et Blanc qui est remarquable, les planches sont frappantes. Vous pourriez passer des heures à suivre son trait.




La chaleur dans la salle empêche de pouvoir s’attarder autant que souhaité, le samedi. Mais peu importe, car le dimanche, il y avait moins de monde et nous avons pu approcher au plus près des créations de ce mangaka talentueux, qui malheureusement n’a pas accepté de séance de dédicace, mais une rencontre partagée avec Enki Bilal.

La « Bédéthèque », salle bibliothèque au sous-sol de l’espace Franquin est une très bonne initiative. Avec la partie conférence qui permet de discuter de différents sujets ou de mettre en avant des auteurs, et la partie lecture avec une belle sélection de bds. C’est un petit moment de repos ou de découverte qui vous est proposé, loin de l’effervescence des bulles.



Une belle opportunité pour découvrir les albums phares de l’année écoulée, les coups de cœurs et surtout ceux qui font partie des différentes sélections. Le tout meublé en carton, c’est confortable et recyclable. Belle initiative du FIBD.

De notre rencontre avec Lyse et Didier Tarquin nous retenons que nous aurions pu passer tout le week end avec eux pour discuter de leur travail, notamment sur leur série en cours chez Glénat UCC Dolores, mais aussi de leurs affinités si semblables aux nôtres. Des auteurs adorables, drôles, intelligents et éminemment sympathiques !
Notre chronique du Tome 1 : Lien ici - Notre chronique du Tome 2 : Lien ici





Pour écouter l'interview :

Pour télécharger l'interview: itw.Lyse.Tarquin.Didier.Tarquin.FIBD.01.2020.mp3






Nous avons aussi bien apprécié Brice Cossu et pas que pour son superbe « pull (pas vraiment) moche » Jurassic Park. Le dessinateur de FRNCK n’a pas encore tout raconté et cette saga a encore de belles sautes temporelles devant elle aux Editions Dupuis, pour le plus grand plaisir des lecteurs.




Notre chronique du Tome 6 de FRNCK : Lien ici
Pour écouter l'interview :

Pour télécharger l'interview: itw.Cossu.FIBD.01.2020.mp3






Exposition Robert Kirkman - La Nef :
C’est le sous sol de la Nef et ses 1600m2 qui accueille l’expo consacrée aux univers de Robert Kirkman. Nous très loin du faste de l’exposition consacrée aux 80ans de Batman en 2019. Cela se ressent dès l’entrée où le public n’est pas si nombreux que cela. Au moins personne ne va se plaindre pour avoir attendu 10 minutes ! Curieux quand même de ne pas voir plus de festivaliers à cette exposition quand on connaît le succès de ces séries en comics ou leurs différentes adaptations télé.




Walking Dead pour commencer, avec des dioramas très réussis, dont cette double porte de cafétéria qui en a fait sursauter quelques-uns.







Les mondes superheroïques de Invincible avaient droit à quelques beaux murs.





Pour Outcast, cette ambiance de chapelle convenait à merveille, et le dernier tableau pour Oblivion Song, histoire de ne rien oublier des dernières séries à succès du scénariste. Avec une petite salle consacrée aux pages les plus violentes en fin d’exposition. Et (heureusement) juste avant la sortie, quelques planches originales de Charlie Adlard, issues du dernier volume de Walking Dead.




Énorme travail de création pour les dioramas travaillés avec soin. Mais pour le reste: autant lire les comics, car voir des reproductions n’apporte rien ! Et les planches de Charlie Adlard ne sauvent pas trop l’expo sur ce sujet. Le dessinateur étant présent pour plusieurs maisons d’édition sur le festival, autant aller le voir dessiner pour une dédicace et lui parler par la même occasion.
Notre chronique du Tome 33 de Walking Dead : Lien ici


Expo 2ème étage La Nef: Antoine Marchalot
Cet artiste au dessin très curieux ne manquera de vous interpeller. Voici deux exemples pour vous donner une idée.





Dans la bulle Manga City, vous pouviez retrouver tous les éditeurs du genre et bien plus, avec des œuvres venues de Taïwan. Baron Yoshimoto proposait la réalisation d’une peinture en live.
Et les français de Fenice se sont aussi illustrés en la matière.




Pika fêtait ses 20 ans. Kurokawa présentait sa nouvelle collaboration en association avec Tsume : « Kurotsume ». Et déjà des premières sorties.



Vous pouviez ainsi vous prendre en photo dans un des décors proposés pour fêter le rapprochement entre deux maisons d’édition pour créer Kurotsume. A savoir les univers de « Imperium Circus » et « Ragnafall ». Notre chronique d’Imperium Circus Tome 1 : Lien ici




Nous avons ensuite rencontré Goum, pour discuter de « Comme des bêtes vol2 » proposé par les éditions Dupuis ainsi que de ses futurs projets. Notre chronique de Comme des bêtes Tome 2 : Lien ici
Pour écouter l'interview :

Pour télécharger l'interview: itw.Goum.FIBD.01.2020.mp3







Exposition Olivier Ledroit de la Galerie Glénat




La galerie Glénat mettait en avant dans les superbes locaux de la Cci d’Angoulême, le travail d’Olivier Ledroit. Ses planches que nous retrouvons dans la Bd Wika sont de véritables œuvres d’art, des peintures au format impressionnant : presque à taille humaine. Les petits rouages collés sur les peintures, sont toujours du meilleur effet. La technique n’est pas nouvelle pour Olivier Ledroit, bien sûr, mais c’est toujours une source de fascination. Le travail sur la lumière et les couleurs, au-delà de la qualité du trait ne cesse de nous impressionner.




Olivier Ledroit bénéficie avec la galerie d’une mise en avant splendide. Et les plus fortunés avaient l’occasion de s’approprier ses planches, car l’objet de la galerie Glénat est de proposer à la vente des originaux.

Exposition Wallace Wood :




Cet américain fait partie des noms qui auraient pu être oubliés du grand public. Grâce au FIBD, il est remis en lumière de belle manière. Pour vous donner une idée, le costume de DareDevil, c’est Wallace Wood qui en est le créateur et qui l’a façonné.


Il change le sigle du héros pour un double D majuscule, la représentation en cercles concentriques du sens radar, la canne pliante comme grappin, enregistrer avec un micro ou tirer des projectiles etc.


Wood est un grand maître de Genre : sf, horreur, érotisme, historique… son trait est fort, puissant. Il se dégage quelque chose de son dessin toujours très réaliste, avec des proportions parfois exagérées notamment sur l’anatomie des charmes féminins ou la musculature masculine. Cela faisait partie des canons du genre cela dit. Wallace Wood a travaillé avec les plus grands (Will Eisner, pour divers éditeurs dont le magazine MAD, Weird Science…) Un fondateur à redécouvrir si son nom ne vous évoque rien.


Au 1er éatge du musée, vous pouviez remonter le temps avec le mangaka Tsuya. Un des fondateurs du manga moderne. Exposition très fournie en échos à la présence de l’auteur sur le FIBD, qui lui a d’ailleurs remis un fauve d’honneur.







Clerisse et Smolderen continuent de s’amuser avec leurs ambiances policières, dans un style rétro qui fonctionne à toutes les époques. L’exposition consacrée à l’hommage de Clérisse au cinéma était l’occasion de tester vos propres connaissances : allez vous retrouver tous les personnages, toutes les références ?




Rien de bien compliqué si vous êtes un amateur de genre, ce dont nous ne doutons pas, puisque vous êtes sur notre site internet.
Dernières production en date : mélange d’années 80 et de Chutlhu, la rencontre parfaite aux éditions Dargaud.




L’exposition jeunesse brassait très large : Yakari, Hilda, Petit Vampire, Naruto, les enfants étaient censément gâtés. Mais sans aucun original, les agrandissements de Petit Tonnerre ou du jeu consacré à l’univers vampirique de Sfar à l’école des loisirs laissaient un goût sans grande saveur.




C’est une déception pour nous car les enfants ne doivent pas être considérés comme des sous publics et eux aussi ont droit de voir les traits originaux de leurs héros. De même pour les adultes qui souhaitaient retomber en enfance ! Heureusement, un effort notable de scénographie et de matériel (making of) était présent sur la partie consacrée à Petit Vampire (éditions rue de Sèvres).





Le musée de la BD d’Angoulême, accueillait le travail de Lewis Trondheim. Artiste devenu incontournable de nos jours.






Depuis ses débuts avec la mouche, Donjon etc en passant par ses différents personnages à tête d’animaux, ses scénarios et ses messages sur la situation financière dramatique que connaissent les auteurs actuellement, vous compreniez bien l’évolution et l’explosion de son talent.






Le long d’un mur, vous aviez l’ensemble des planches de la bande dessinée Le château des animaux (Xavier Dorison, Félix Delep, éditions Casterman) qui étaient exposées. Nous vous avons sélectionné une planche qui a fait l’objet d’un changement de mise en page.




Un peu plus long, retour sur les classiques avec Edmond François Calvo (1892-1957) avec son style très marqué par Disney ou Morris. Quelle qualité de dessin incomparable !




Un vrai plaisir de pouvoir appréhender le travail d’un tel artiste. Un trait comme on n’en fait plus, des mouvements cartoonesques pour un voyage dans l’âge d’or.





Nous avons ensuite pris le chemin du Vaisseau Moebius pour redécouvrir le travail de Jean Frisano, un artiste français qui est l’un des plus grand passeurs de culture américaine. Il était notamment chargé de refaire les couvertures des comics pour leur édition française, éditée pour « Strange » ou « Titans ». Avec comme spécificité de donner un visage plus humain aux personnages masqués.




Nous lui devons aussi des affiches de films et des images inspirées de la saga StarWars. La difficulté pour Jean Frisano, c’était de pouvoir créer, sans avoir grand-chose comme point de référence. Comment réaliser une couverture avec seulement 2 dessins envoyés par l’éditeur américain ? Résultat : Luke Skywalker ou Obiwan Kenobi avec un sabre rouge !




Voici quelques exemples des couvertures qu’il a réalisées, que vous pouvez comparer avec les couvertures américaines.








Et au rez de chaussée, une belle exposition sur la riche carrière de Pierre Christin, quand on voit la liste des dessinateurs avec qui il a pu collaborer, cela donne le tournis.


Philippe Aymond, Manu Larcenet, Jean Claude Denis, Moebius, Enki Bilal, Jean Claude Mézières etc.






Le FIBD d’Angoulême est et reste un rendez vous incontournable pour les amateurs du 9ème art. Le nombre des activités ne cesse d’augmenter d’année en année.

Nous nous permettons un petit rappel : tout cela ne pourrait jamais exister sans les auteurs, c’est une évidence, mais il est important de rappeler que leurs conditions de travail sont très précaires. 2020 a été déclarée année de la BD par le ministère de la culture. Nous espérons qu’il y aura des avancées significatives sur le statut des auteurs pour l’occasion. Si vous ne l’avez pas déjà fait, remontez écouter l’interview de Brice Cossu sur le sujet (à la fin de son interview).