Salon du Livre de Paris 2011Date : 19-03-2011

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Salon du Livre de Paris - 2011



Cette année, les auteurs de l’imaginaire avaient la part belle avec trois des huit super stars du Salon : Rosinski, le formidable dessinateur –entre autres- de la série de BD franco-Belge Thorgal (éditions du Lombard); Motorô Mase, l’auteur du très remarqué Seinen d’anticipation Ikigami publié en France par Kaze manga et RL Stine, le créateur de la collection jeunesse d’horreur-fantastique Chair de Poule.



Côté expositions, on ne pouvait que s’extasier devant les toiles inédites de Rosinski, ainsi que devant sa fresque peinte consacrée au cinquantenaire de la Belgique. Les planches originales de Thorgal permettaient de se rendre compte du travail du maître et de l’évolution de ses techniques au fil des albums. Un dvd venait compléter fort judicieusement cette très belle et fort didactique exposition.





Une autre exposition, bien mise en scène par les efforts conjoints des équipes du festival BD Boum de Blois (41) et des éditions BD Emmanuel Proust, mettait en lumière les adaptations dessinées des œuvres d’Agatha Christie avec un côté ludique et une scénographie quasi interactive qui devient au fil des ans la marque de fabrique de BD Boum.





En revanche, l’exposition sur le manga français présentée par Pika laissait franchement à désirer et le public restait sur sa faim : seulement quelques couvertures d’ouvrage étaient présentées, sur 4m de long. Une mise en valeur en en dessous de l’engouement du public pour ces ouvrages.



Du côté des éditeurs, pour les bandes dessinées, la foule se pressait pour Rosinski du côté du stand Dargaud-Dupuis-Le Lombard, tandis que Fred Vignaux dédicaçait pour la nouvelle série fantastique de Drugstore L’appel des légendes sur le stand Glénat.





La présence de Motorô Mase et d’un superbe stand, mettait en avant la très grande qualité des éditions Kaze en matière de manga.





La venue de Motorô Mase a été l’occasion pour lui faire une présentation de son oeuvre au public. Voici ce que nous avons pu apprendre sur lui:

Motorô Mase a travaillé pendant quelques années comme designer, avant d’aller étudier le cinéma à Londres. C’est là-bas qu’il a commencé à créer ses premiers mangas.

Ikigami est sa troisième production. Et bien que Motorô Mase ait toujours été doué pour le dessin, il ne pensait pas spécialement devenir mangaka lorsqu’il était plus jeune. D’ailleurs il lisait peu de manga. Il précise qu’Akira est une œuvre qui l’a beaucoup marqué.

L’idée d’Ikigami lui est venu en voyant les images des attentats du 11 septembre. Il a vu les vidéos en direct, mais ne s’est pas senti concerné par ce qu’il voyait plus que cela. Et ce manque d’émotions ressenties lui a fait peur. Cela lui a donné envie de créer un œuvre sur la valeur de la vie et les sentiments.

Motorô Mase a choisi le titre Ikigami, pour deux raisons. La première est que « gami » signifie papier et que « iki » peut vouloir dire « mourir » ou « vivre ». La seconde, c’est que pendant la seconde guerre mondiale, les japonais recevaient des « akagami », des « cartons rouges », qui étaient leur ordre d’incorporation.



Ikigami est prépublié dans le magazine « Big Comic Spriri », où étaient publié en leur temps 21st century boy ou Homoculus, c’est une revue représentative du Seinen. Motorô Mase est très fier de pouvoir y figurer.

Il choisit toujours comme personnages des gens qui ont eu des regrets dans leur vie, cela lui permet de leur donner des choses à réaliser pendant leur dernières 24heures à vivre.

Il ne s’inspire pas ce qu’il a vécu. Il ne se définit pas comme un accro à l’information, mais l’actualité peut lui donner quelques idées.

Ce qui se passe actuellement à la Centrale Nucléaire de Fukushima le fait beaucoup réfléchir et le touche tout particulièrement.

Sur le personnage de Fujimoto, Motorô Mase ne dira pas grand-chose, car même s’il connaît la fin de l’histoire, pour des questions évidentes de confidentialité, il ne souhaite rien révéler.

En influences, Motorô Mase cite les films de Ridley Scott et le romancier surréaliste/étrange Kobo Abe (sous réserve de l’orthographe).

Il est très honoré de voir qu’Ikigami soit autant récompensé, surtout en France. Et même s’il ne pensait pas être publié hors du Japon, il savait que le manga s’exportait bien. Ce qu’il a pu constater lorsqu’il vivait à Londres. D’ailleurs, il ne pensait pas aux lecteurs non-japonais lors de la création d’Ikigami, mais maintenant, il y pensera.

Concernant l’adaptation en film, qui a été faite en 2008 : cela lui a fait très plaisir. D’autant qu’il a participé à l’écriture du scénario. Comme il a rencontré plusieurs fois le réalisateur, il savait que le résultat final lui conviendrait. Il a donné beaucoup de conseils sur le choix des personnages qui devaient recevoir l’ikigami dans le film (3 figurent dans le film). Par contre, il n’est pas intervenu dans le choix des acteurs. Et il ne pense pas à l’interprétation de Shôta Matsuda (Fujimoto) lorsqu’il dessine, car il avait très bien défini ce personnage dès la création d’.

Chose surprenante, Motorô Mase travaille seul. Il ne souhaite plus avoir l’aide d’assistants, car cela lui prend trop de temps de leur expliquer ce qu’ils doivent faire.

Concernant son rythme de travail, il se repose le dimanche. Se lève à 14h, pour se coucher à 5h du matin. Il précise en riant qu’il passe les 3 dernières heures de ses journées dans les bars.

Il a beaucoup discuté avec son éditeur sur la façon de créer l’histoire, au début. Mais maintenant il se débrouille seul. Et les seules modifications qu’il apporte lorsqu’il dessine, ne concernent que d’infimes détails.



Il a été demandé à Motorô Mase de commenter une de ses planches:



Motorô Mase précise qu’il essaie d’exagérer les expressions. A titre d’exemple, sur le gros plan sur les yeux, à droite, la partie noire des yeux est très petite. C’est une technique classique du manga pour exprimer la peur. Lorsqu’on lui demande s’il travaille son découpage, comme s’il tenait une caméra, il répond par l’affirmative. Ce type de planche lui demande environ une journée de travail.



Il sait déjà comment va se finir la série. Et sans vouloir préciser le nombre de tomes que comprendra la série, il indique que l’on s’approche de la fin.



Questions du public :

Est-ce qu’il est possible de faire un parallèle entre la Loi sur la Prospérité Nationale, qui a été imposée dans Ikigami par les vainqueurs, à la situation du Japon, qui a vu la rédaction de sa constitution supervisée par les USA après la seconde guerre mondiale ?

Motorô Mase indique qu’il n’est jamais indiqué de date ou de lieu dans Ikigami. Cela ne se passe pas au Japon. Ikigami est une fiction qui peut se passer à n’importe quelle époque passée, actuelle ou future. Si Motorô Mase a donné quelques précisions sur l’environnement de l’histoire, avec ces précisions historiques, c’est uniquement pour que le lecteur y trouve un cadre. C’est un moyen de rendre la série plus attractive.



S’il recevait l’ikigami lui-même, que ferait-il de ses dernières 24 heures ?

Motorô Mase ne sait pas ce qu’il ferait. Mais dans tous les cas, il finirait complètement saoul, pour ne pas avoir peur à l’heure fatidique.



Est-ce qu’il a déjà des projets pour l’après Ikigami ?

Motorô Mase précise que oui, tout en se gardant donner plus d’information.





Les éditions Pré aux clercs présentaient encore une fois des auteurs de talents avec la sortie pour le salon du nouveau roman de Sire Cedric (Le Jeu de l’Ombre), Edouard Brasey pour ses nombreux grimoires et autres encyclopédies, notamment le récent Traité de Démonologie, ainsi que les talentueux illustrateurs Sandrine Gestin et Didier Graffet.





La jeune maison Nouvel Angle/Matagot présentait une fois de plus le spectaculaire duo d’auteurs de Louis le galoup avec leurs sceaux et leurs dédicaces impressionnantes (pour rappel leur interview réalisée en juillet 2009lien ici). Béatrice Bottet également présente, donnait très envie de se plonger dans son roman feuilleton Rose Aimée. (Elle dédicaçait par ailleurs sur le stand Casterman pour sa série Le grimoire aux rubis)

Les éditions Mille Saisons disposaient d’un stand et présentaient notamment Henri Courtade avec son très remarqué Loup y es-tu ?.

Les éditions Mnemos présentaient également leurs nouveaux auteurs avec la présence d’auteurs dont les œuvres commencent à être bien plébiscitées comme Paul Beorn (La perle et l’enfant), et Charlotte Bousquet (Cytheriae, Arachnae).



Il nous a semblait que les allées étaient un peu moins bondées que l’année passée. Ce qui a permis de circuler plus librement de discuter plus calmement avec les auteurs présents.

Le salon du livre reste un événement incontournable pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer sur des conventions en province.

Pour vous qui êtes fan d’imaginaire, sachez de la très grande majorité des auteurs seront présents à Trolls et Légendes fin avril à Mons (Belgique) et/ou aux Imaginales d’Epinal.





Pour voir toutes nos photos du Salon du Livre : http://www.hostingpics.net/album/LautreMonde-53744.html



Pour écouter toutes les interviews (Sire Cédric, Edouard Brasey, Sandrine Gestin, Charlotte Bousquet, Beatrice Bottet) : ITW Salon du Livre Paris 2011