FERRIC FranckLe 28/12/2007

Interview , réalisée par email, de l'auteur Franck FERRIC à l'occasion de la sortie de son premier recueil de nouvelles, "Marches Nocturnes", publié aux éditions Nuit D'avril et paru en septembre 2007.



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LAM : Peux-tu te présenter brièvement et présenter ton parcours d’auteur ?

FERRIC Franck : Eh bien, je me nomme donc Franck Ferric, j’ai 29 ans. Et j’ai publié des nouvelles dans des anthos, des fanzines, des revues, et un premier recueil, « Marches Nocturnes », sorti chez Nuit d’Avril en septembre dernier.

LAM : Qui a choisi les nouvelles du recueil ? L’ordre ? Pour quelle(s) raison(s) ?

FERRIC Franck : C’est moi qui ai choisi toutes les nouvelles, parmi celles que j’avais dans mes tiroirs qui me semblaient les moins mauvaises et dont les thèmes collaient les uns avec les autres. Leur ordre s’est imposé tout seul, en terme d’équilibre et de tonalités.

LAM : Et le titre, « Marches Nocturnes » ?

FERRIC Franck : Géographiquement et politiquement parlant, les marches sont des zones frontières. Et ce sont justement les frontières qui m’intéressent et que j’ai tenté de mettre sur le tapis dans ce bouquin : celles entre la raison et la folie, entre réel et irréel, entre liberté et claustration, entre la civilisation et le désert, entre l’enfant et l’adulte… Il y a aussi que ces histoires sont un peu comme des balades de nuit, ainsi qu’elles ont été écrites.

LAM : As-tu écrit « Trève » et « Hors-cadre » exprès pour ce recueil ? Est-ce pour lui donner de la cohérence ?

FERRIC Franck : Plutôt pour enfoncer le clou sur ce que je voulais dire avec ces nouvelles et leurs thématiques, et boucler la boucle solidement, comme dans un cadre. Que ce soit en littérature et en peinture, les possibilités qu’offre le rapport entre le cadre, l’œuvre et le ‘spectateur’ m’intéressent beaucoup.

LAM : Ecris-tu à un moment particulier de la journée, ou peut-être de la nuit ? Est-ce égal ?

FERRIC Franck : Plus facilement la nuit, car c’est le moment où l’on peut le plus avoir la paix. Mais la journée aussi, si le téléphone est coupé et la porte est fermée à clef. Ce qui importe vraiment, comme dit King, c’est de se débrouiller pour laisser le monde derrière la porte. Après ça, on fait ce qu’on peut ^^

LAM : Ecris-tu en continu jusqu’à finir une nouvelle ou fais-tu beaucoup de pauses ?

FERRIC Franck : C’est assez variable. Certaines sortent presque d’un coup et sans coupure. D’autres donnent plus de mal et exigent qu’on les laisse reposer (parfois très, très longtemps). Une bonne séance de rédaction est de toute manière ponctuée de pas mal de musique. Et de quelques litres de café.

LAM : Ecris-tu plusieurs nouvelles à la fois ?

FERRIC Franck : A part celles que je laisse roupiller le temps que je sache quoi en faire, j’essaie d’éviter. J’ai une petite tête et beaucoup de mal à me focaliser complètement sur deux choses en même temps. Je peux prendre des notes sur différents projets sans problème mais en phase de rédaction, je deviens aussi coincé que mon pc : incapable de faire deux tâches en même temps sans risquer de fondre mon processeur à vapeur.

LAM : « La Synarchie des rouquins » a-t-elle été écrite avant le « Da Vinci Code » ?

FERRIC Franck : De mémoire, elle a été écrite la même année (2003). Mais sans aucun rapport avec le livre de Brown, que je n’ai d’ailleurs jamais lu.

LAM : Pourquoi tant de personnages roux, qu’apporte ce détail ?

FERRIC Franck : Dans les vieilles histoires, le roux est une couleur riche en significations et en légendes. Et puis, c’est sans doute aussi une manière comme une autre de panser de vieilles cabosses… Si on se croisait dans la rue, ce serait peut-être plus évident ^^

LAM : Qu’est-ce qui détermine le choix de narration : première ou troisième personne du singulier ?

FERRIC Franck : Je ne me pose pas trop la question, c’est une chose qui s’impose toute seule, en fonction de la distance qu’on veut poser entre l’histoire et le lecteur, du vocabulaire ou du ton qu’on veut utiliser…

LAM : Quelle est la nouvelle qui a été la plus facile à écrire ? Est-elle ta « préférée » ?

FERRIC Franck : J’aime bien « Fée d’hiver », qui a été assez facile à écrire (en tout cas, très agréable) et dont l’idée de base part d’une chose vécue (une carte de vœux jetée dans une poubelle, au moment des fêtes, qui sonnait comme une malheureuse entre les papiers gras et des boîtes vides de MacMachin). Je pense que parmi celles qui figurent dans « Marches Nocturnes » (et sans désavouer les autres pour autant), c’est mon histoire ‘favorite’.

LAM : Quel est ton style de prédilection (fantasy, horreur, fantastique, conte, SF, …) ?

FERRIC Franck : Là encore, je ne me pose pas la question (oui, je dois être un peu simplet comme garçon). Ces termes regroupent des étiquettes de librairie qui ont certes leur utilité, mais c’est pour le moment une attitude qui m’est étrangère que de me dire « tiens, aujourd’hui, je vais pondre un truc de dark fantasy ». Ce que je cherche plutôt à faire, c’est reproduire des ambiances, des impressions, et je ne suis pas certain qu’avoir recours à ces étiquettes comme postulat à la rédaction soit une riche idée. Et puis ensuite, c’est une histoire d’état d’esprit (ma prédilection se porte à l’horreur quand je suis en rogne, ou au conte quand je me sens bavard… Pas vraiment de règle.) Quand à savoir ce que je réussis le moins mal, je suis bien mal placé pour le dire et je laisse le lecteur se faire son avis là-dessus ^^

LAM : Comment s’est fait le choix de la couverture ?

FERRIC Franck : En traînant sur le net, je suis tombé sur le site web de B., illustrateur qui a notamment réalisé la couverture de l’anthologie « H.P.L. 2007 » parue aux éditions Malpertuis. J’ai tout de suite accroché à son travail très classe et à ses univers un peu (steam)punk, et lui ai proposé de faire la couv’ de mon bouquin. Je lui ai envoyé « Trêve » et « Hors-cadre » afin qu’il s’en fasse une idée et lui ai laissé carte blanche pour le reste. Et en un rien de temps, il m’a fait une proposition, très proche de l’illustration finale. Il a un talent très… agaçant. ^^

LAM : Quel auteur et quel ouvrage affectionnes-tu particulièrement ?

FERRIC Franck : Houlà… S’il fallait l’établir, la liste serait longue. Comme auteur, je dirais Bukowski, dont je considère la lecture dans notre actuel Big Happy Working World comme quelque chose de très salutaire et sain. Comme ouvrage… Difficile d’en isoler un seul mais comme ça à chaud, je dirais « La Glace et la Nuit » de Silhol.

LAM : Es-tu inspiré par un auteur spécifique ?

FERRIC Franck : Il y en a beaucoup, beaucoup dont j’admire le travail (Silhol, Tolkien, Lovecraft…). Ceux qui me donnent le plus à cogiter sont ceux qui écrivent sur la valeur de l’homme, sur ce qu’il vaut face à la société ou face à lui-même (Hesse, Buko, Céline…).

LAM : Ecris-tu en écoutant de la musique ? Quelle musique aimes-tu ?

FERRIC Franck : Beaucoup de musique, oui, et pas uniquement quand je suis derrière le clavier. Pas mal de metal (Manowar ou même du bon vieil Iron), de chansons avec de vrais textes (Brel, Brassens, Ferré, Barbara…), de musique trad, de BO de films (Poledouris et Morricone en tête), de blues… Et Tom Waits, en boucle.

LAM : Quel est le dernier film que tu as regardé au cinéma ?

FERRIC Franck : « Je suis une légende ». Il aurait pu être pas mal du tout, sans les bondieuseries hollywoodiennes de service.

LAM : Quels sont tes projets ?

FERRIC Franck : Finir un bout de roman et voir si je le trouve acceptable pour le soumettre quelque part. Terminer quelques nouvelles en cours. Et tenter de rester en vie, surtout ^^