WorMachineLe 12/05/2004

Interview réalisée par Xavier avec Khou-dj (guitariste) après le concert de WorMachine au Nouveau Casino de Paris, en première partie du groupe Sleeppers.

Vous pouvez retrouver WorMachine sur internet : http://wormachine.com

LAM : Je suis avec Khou-dj le guistariste. Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu ton groupe ? Savoir quand il s’est formé. Quel est votre style ? Vous faîtes du Métal-Industriel, vous venez de Besançon, à quand remonte la création du groupe ?

WorMachine : En fait on n’est pas vraiment de Besançon. On vient de Besançon parce qu’ on manage 2 groupes à Besançon. On s’est formé en octobre 2000. Donc, moi j’ai toujours joué avec le bassiste-chanteur qui avant était guitariste-chanteur ; on s’est jamais vraiment quitté de vue, on jouait dans des groupes de Métal avant, le batteur jouait aussi dans des groupes de métal et puis en octobre 2000 on avait envie de faire un projet un peu différent de ce qu’on avait l’habitude de faire et intégrer notamment des machines. Donc on s’est lancé, on a fait des rushs, des trucs comme ça. Et puis, j’ai croisé Néon Coue par hasard et je lui ai dit « bah écoute, vient écouter c’qu’on fait ». Il a écouté 3 morceaux puis il s’est dit « allez hop !, roule, on y va ! ».

Donc au départ c’était un peu chaotique, fumer des gros pets sur les synthés puis envoyer des trucs un peu bizarres. Petit à petit on s’est structuré et on a sorti une première démo début 2001… c’était en février 2001 j’crois. On a fait 4 titres inédits. Après on a pas mal bossé. On a ressorti un 4 titres un an après donc au début 2002. Là, on a commencé à faire des concerts à droite, à gauche. On est notamment passé aux Eurockéennes en 2003. Ce qui nous a permis de commencer à avoir un peu de contacts. Ca a amené un peu de notoriété au groupe, cela l’a fait connaître un peu partout en France. Dans la foulée, on a fait le festival du Printemps de Bourges. Là-bas on a gagné le prix « talent-scène ». C’est du tour support, on a gagner un peu d’argent histoire de tourner, payer les factures etc. Ce qui nous a permis de pouvoir avancer un peu plus rapidement en terme budgétaire. Quand tu dois payer un album c’est pas forcément évident quand t’as pas de boulot ou que tu gagnes pas forcément beaucoup d’argent. En 2004, on a été repéré par le « F.E.R » on a eu le prix du « F.ER ».Donc pareil on a eu du tour support, un peu d’argent… donc on a sorti l’album en avril 2004. Actuellement l’album est dans les bacs et puis on est entrain de faire la promo comme des enculés ! –J’ai droit de glisser 2-3 insanités au milieu ?-

LAM : Oui, oui, tu dis ce que tu veux…

WorMachine : Donc on est entrain de bosser comme des gros enculées : à envoyer du bois, à faire beaucoup de promo, à envoyer des flyers partout ; histoire de faire connaître un peu le groupe. Et puis on a une politique qui n’est pas forcément de se reposer sur les gens mais à bosser aussi de notre côté, en partenariat, c’est pour ça que même si on a signé, on a pas forcément envie d’attendre que les gens fassent les choses à notre place, on le fait aussi nous-mêmes

LAM : Au niveau des influences du groupe, vous avez tous des horizons différents, vous tous les trois de cds préférés, des groupes préférés qui vous influencent dans votre musique ?

WorMachine : Disons qu’au départ on était pas mal Métal et au fil des années, on s’est ouvert à pas mal de choses donc on écoute énormément de choses les uns les autres. Justement on se connaissait de la scène métal parce qu’on a traîné dans des concerts cheloux à base de gros chevelus qui secouaient la tête, la double grosse caisse et les gros riff de guitare. Mais en même temps on s’est découvert un moment à aimer une scène peut-être un peu plus électro, un peu plus jazz, un peu plus éclectique on va dire…On écoute vraiment énormément de choses. Et ce qui nous permet aussi d’amener différentes influences personnelles et en même temps qui nous font kiffer. On est pas là a se reposer sur les acquis, on est toujours entrain de rechercher l’optimisation de chaque morceau pour vraiment faire quelque chose de cohérent, qui nous branche et pas formater le morceau mais faire vraiment ce qu’on a dans la tête, ce qui est pas forcément le plus évident.

LAM : Et au niveau de votre formation musicale, vous avez tous commencé directement par des trucs amplifiés ou vous avez travaillé ailleurs avant ? J’veux dire une formation classique ou des choses comme ça ?

WorMachine : Non, non pas du tout . Le bassiste d’après ce qu’il m’a dit a commencé par la guitare sèche. Donc il a fait pas mal de guitare sèche mais disons que vraiment notre trip c’était du gros ampli qui envoie du gros son. Le batteur pareil : tout de suite il a eu la double groses caisse, influencé Metallica, Slayer et compagnie…On a pas vraiment une démarche à venir d’une autre scène pour arriver au milieu. Sur notre bio c’est « nés fils du Métal ». On a toujours écouté du Métal. On renie pas le Métal, on est là-dedans mais en même temps, on écoute d’autres choses.

LAM : Vous avez sorti 3 démos. Là, l’album… Vous êtes satisfaits de la production, du résultat de l’album ?

WorMachine : Bah, tout à fait. On a enregistré fin septembre-début octobre. Donc on a fait 9 jours en studio de prise. Puis 2 jours d’écoute et de mise en place matérielle. On avait une optique a enregistré quelque chose « live » qui sonne un peu en dehors des sentiers battus des musiques actuelles où c’est beaucoup d’édition, beaucoup de travail au niveau de la structure, faire du copier-coller, etc. Nous on voulait vraiment revenir aux sources, enregistrer à l’ancienne, avec du vieux matériel, des choses qui ont fait leurs preuves et faire sonner les instruments. Déjà le son à la base, avant d’essayer de trafiquer quoique ce soit. Ca a été un peu la démarche qu’on a eue autant sur l’album, qu’en concert. L’album a été enregistré dans une optique de live. C’est à dire tout ce qu’on a joué en studio, on le rejoue en live. Y’a pas de quadruples guitares qui font 15 trucs à la fois ou 10000 voies etc. On a vraiment essayé de faire quelque chose qui sonne live, vivant. Dans tout ce qu’on fait, autant sur le côté des dates, sur le côté enregistrement, des morceaux, des négociations avec des pros, on veut avant tout des rapports humains plutôt que du business. Enfin le but après c’est faire des dates pour que le groupe puisse en vivre de façon « correcte » mais c’est pas vendre des milliers d’albums. Devenir des stars… on s’en pète les couilles. Nous c’qu’on veut c’est jouer, kiffer avec les gens qui sont là et puis basta.

LAM : Vous avez un bon retour déjà par rapport à l’album qui est sorti le mois dernier ?

WorMachine : Bah, tout à fait. On a pas mal de presse. Les chroniques sont assez élogieuses. Je pense que les gens ont pas mal saisi dans quelle optique on allait. Justement le côté humain, le côté « vrai » par rapport à la façon dont on a enregistré qui est peut-être un peu atypique. Puis surtout ce que l’on a essayé de faire sortir avant d’enregistrer quelque chose de formaté, c’est quelque chose qu’on voulait absolument pas, on voulait vraiment sortir quelque chose de personnel et je pense que ça s’est pas mal ressenti et ça depuis… Enfin, quasiment toutes les chroniques qu’on a eues depuis nos anciennes productions, c’était justement ça qu’on mettait en avant, c’était le côté personnel de la chose même si il y avait des influences qu’on ne peut pas renier, y’avait quand même une touche personnelle. Pour moi le plus beau compliment c’est de dire qu’il y a des influences mais en même temps y’a aussi quelque chose de personnel dans ce qu’on fait.

LAM : Vous avez enregistré en 9 jours, c’est ce que tu nous disais, vous avez beaucoup de titres enregistrés pendant ce temps-là ou tout se trouve sur l’album ? Est-ce que vous avez des morceaux en rabe là ?

WorMachine : En fait on a fait pas mal le tri avant. On a beaucoup de rushs…

LAM : Vous êtes arrivés au studio bien préparés…avec les morceaux que vous connaissiez ?

WorMachine : Bien préparés… enfin y’a des morceaux sur lesquels on était pas d’accords. Ca s’est réglé au studio, avec des prises de tête et compagnie ; des pédales qui volent contre les arbres… des trucs standard quoi ! Mais bon, moi j’avais une idée précise de ce que je voulais enregistrer en arrivant dans le studio mais peut-être que je me serai surpris à écouter le résultat final avant d’arriver en studio. Parce qu’on a mis la barre très haute et au bout d’un moment on s’est dit soit on y arrive, soit on y arrive pas mais il faut qu’on y arrive : on a une date calée en studio donc on se sort les doigts du cul et voilà.

LAM : Au niveau des compositions des morceaux ça se passe comment ? Y’en a un qui apporte la base et les autres aident ou y’en a qu’un seul qui compose ou… ?

WorMachine : Y’a pas vraiment de règle. Disons que beaucoup de choses arrivent de Pierre parce que c’est lui qui fait les séquences donc il arrive souvent avec des séquences, des pseudo-structures qu’on met un peu plus en place en répétition mais bon, disons que c’est vraiment selon l’inspiration du moment. Je pense qu’il n’y a pas de règle, c’est comme un peintre, il arrive devant une toile vide, est-ce qu’il sait d’avance ce qu’il va peindre ? Non. Je pense que la magie ça vient aussi du fait que dans certaines situations tu mets toutes les choses en phases pour arriver à ce résultat là. Un jour avant, un jour après ça aurait fait quelque chose de complètement différent. C’est plutôt de la science empirique que de la science mathématique.

LAM : Et vous demandez des avis extérieurs, d’amis à vous, de gens qui ne font pas forcément de la musique ?

WorMachine : Justement, c’est vraiment une force de pouvoir demander à des amis et qu’il y ait des gens qui soient honnêtes envers toi. Qui te disent « bon bah voilà, franchement ce concert-là, il aurait fallu que tu fasses ci, ça ». C’est à ça que ça sert les amis, et la presse aussi. Ils sont pas là pour t ‘encenser, ils sont là aussi pour te dire tes défauts et que tu vois comment tu peux avancer. Si t’es là à te branler sur toi-même, ça va pas t’aider à avancer. Il faut forcément un moteur. Et le moteur, c’est souvent la critique.

LAM : Au niveau de vos dates live. Vous avez la date de ce soir, et par rapport à la sortie de l’album, vous avez d’autres dates de prévues bientôt ?

WorMachine : On a quelques festivals cet été. Deux en Alsace dont un avec Wound joe. Sinon on a fait pas mal de dates avant la sortie de l’album et puis cet été il y aura deux trois dates qui vont se boucler encore. Pour les salles, c’est fini parce qu’ils ont tous terminé leur programmation. Ce sera plus à partir d’octobre. Disons que là on sort l’album, on sort la promo et tout, on a beaucoup travaillé et là on est entrain de… pas faire un break, parce qu’on est jamais en break. On entrain de composer les nouveaux morceaux, on a déjà poser quelques bases : 4-5 morceaux qui sont déjà « lancés », maintenant terminés, non parce que peut-être qu’ils vont nous dire non ça va pas donc on fait autre chose. Donc, voilà, on s’arrête pas, on est toujours entrain de travailler, faire de la promo, la composition, mise en place du set, etc. On est toujours en perpétuelle évolution.

LAM : Vous avez trouvé un distributeur maintenant, ça se passe bien ? Qu’est-ce que ça change par rapport à l’auto-production ?

WorMachine : Disons que nous pouvons nous concentrer sur d’autres choses… Le but principal quand tu dois sortir un album, c’est toi qui fait la distribution, c’est toi qui fait la promo, c’est toi qui fait tout, au bout d’un moment ton temps disponible il se partage entre toutes les tâches et tu fais pas forcément tout bien. Donc quand t’as quelqu’un qui est par derrière, qui s’occupe de ça, tu peux t’occuper d’autre chose et justement on a pas envoyé à beaucoup de labels. On a envoyé à 2 labels qui sont Boycot records, sur lequel on a signé et Atome. Il s’avère qu’Atome avait d’autres priorités. C’est des gens qui sont dans l’optique où justement on travaille : Quand ils sortent quelque chose, ils bossent à fond dessus. Pour eux, ça sert à rien de signer 15 groupes, les groupes qu’ils ont signé, ils travaillent dessus. Et donc, pour nous c’est pareil. On a signé avec un label. Pour nous, on travaille sur notre groupe ; c’est pas parce qu’on a un label qu’il faut s’endormir dessus. On travaille chacun de notre côté, on met nos compétences en commun. C’est histoire d’aller plus vite et d’être plus efficaces tout simplement.

LAM : Vous avez un site internet, http://www.wormachine.com, ça se passe comment au niveau de la gestion du site ? Est-ce vous qui vous en occupez aussi ou vous avez trouvé un webmaster ?

WorMachine : C’est moi qui l’ai fait. En fait, je suis webmaster de formation donc je suis assez fan de ça. Je fais pas mal de programmation, base de données, ce genre de conneries. J’aime bien me mettre au fait des nouvelles technologies donc je suis toujours sur internet. Mes deux drogues sont mon portable-PC, et mon téléphone-portable.

LAM : Et que peut-on retrouver sur le site ? A part le truc classique des news, photos, etc., y a-t-il des bonus ?

WorMachine : Il y a de l’informatif niveau dates, les chroniques des albums, les photos de chaque concert que je récupère, j’essaye de les mettre assez rapidement en ligne. Il y a un forum, un chat-room, on peut discuter en ligne… On va dire un site standard. C’est un outil qui est beaucoup plus intéressant qu’une bio standard puisque justement tu peux le faire évoluer. Il y a les liens aussi, les sites des potes, des petits groupes qu’on aime bien – enfin quand je dis petit c’est pas péjoratif, c’est juste qu’il y a certains groupes qui sont moins connus et puis que moi je kiffe donc j’hésite pas à les mettre ne lien. Voilà quoi, après faut avoir des affinités. Y’a souvent des gens qui m’ont demandé de mettre des sites en lien mais bon, quand c’est des gens que je connais pas, j’ai pas forcément envie de les mettre en lien parce qu’ils m’ont demandé. Y’a des groupes qui m’ont jamais rien demandé, que j’ai mis en lien parce qu’on a passé une soirée ensemble, on a joué. Je pense que c’est un espace de liberté et un formidable outil.

LAM : Ca permet d’avoir des contacts plus facilement, peut-être ?

WorMachine : Tout à fait, tu peux contacter directement les gens. Un mec qui achète ton album, il t’envoie un e-mail, tu discutes avec et puis franchement c’est cool. On est vraiment dans une aire de communication qui est formidable.

LAM : Tu nous disais que tu avais des morceaux déjà en préparation, là prochaine orientation de Wormachine, c’est dans la continuité par rapport à l’album et aux démos d’avant ou c’est un virage on va dire « plus électronique » ou « plus guitare » ?

WorMachine : Je dirai simplement qu’il n’y a pas de règle. Quand tu écoutes l’album, on a pas fait un album monolithique ou d’un titre à l’autre tu retrouves les mêmes bases ou les mêmes façons de construire. On a voulu un album éclectique tout en gardant un côté personnel. Quand tu écoutes l’album, tu sais que c’est nous mais en même temps chaque titre ne se ressemble pas. Chacun peut prendre un bout dedans qui lui est propre.

Je pense que la suite ce sera ça. On ne se donne pas de règle. Si faut faire du gros hardcore et envoyer un truc super clinique qui envoie du bois et bien on le fera. Après si c’est un truc plus personnel, on le fera. Disons qu’on a pas de règle. Après, par exemple, on a fait un morceau acoustique dernièrement, qui sortira sur une compilation avec la « noreil prod » où il y a des groupes comme Nostromo, Godjira, Upside cup, apparemment pleymo, enfin, pas mal de groupes … bon on l’a fait à la veine Wormachine mais sans mettre de séquense. On a vraiment travaillé dans le sens : on fait un morceau acoustique donc on essaye de sortir ce qu’on fait avec des morceaux standard mais en construisant un morceau comme si on avait mis des samples. Disons qu’on fait ce qui nous plait. Basta.

On est pas à se branler en disant : « ah ! c’est super c’qu’on fait ». Au contraire, on se prend pas mal la tête à se dire : « bon bah voilà, c’est bien mais qu’est ce qui pourrait faire que ça serait encore mieux ? ». Je pense que tout est réfléchi dans ce sens-là.

LAM : Ca vous arrive du coup de retravailler des anciens morceaux de vos premières démos pour les refaire en live différemment ?

WorMachine : Tout à fait, par exemple ce soir on a joué un morceau qui était sur le 6-titres, « freedom » où on a changé la rythmique. Je sais pas si ça s’est trop entendu parce que faut vraiment connaître le morceau par cœur mais le riff de guitare a été complètement changé, le riff de batterie aussi. Parce que un moment on l’a enregistré comme ça mais il demandait à être réfléchi. Il y a des morceaux qui sont sur l’album qu’on joue pas parce que en même temps on se dit qu’il manque encore un truc et peut-être qu’on passera une après midi ou deux jours de répétition jusqu’à ce qu’on trouve le truc qui nous fasse tilt. Par exemple, « freedom » c’est l’exemple typique où on a retravaillé il y a quelques jours et là on est tombé sur le truc cohérent , qu’on a pas forcément enregistré sur ce coup-là, qui n’était pas forcément mauvais, mais je pense que là on arriverait vraiment au bout du truc. Donc forcément quand te enregistres un morceau, quand tu enregistres quoique ce soit, quand tu fais quelque chose, que tu n’arrives pas forcément à optimiser au maximum. Le but c’est pas de se branler en disant « on est les meilleurs », ce que l’on fait bien c’est se remettre en question. Donc on se remet en question aussi avec les vieux morceaux.

LAM : Je vais te poser une dernière question – ma question favorite – de quel groupe aimeriez-vous faire la première partie ? Tu as droit en réponse à pas forcément du Métal et ça peut être un groupe qui n’existe plus. Ton rêve en quelque sorte.

WorMachine : Mon rêve…Bernard Minet ! Pour lui mettre une grosse claque.

Y’a beaucoup de groupes qu’on kiffe. Personnellement, je crois que j’ai jamais réfléchi à ce genre de chose. Honnêtement, je sais pas quoi répondre.

Y’a pas mal de gens qui justement disent « oh je rêverais de faire la première partie de « machin » et qui ont été déçus. Tu prends l’exemple typique de Sepultura qui reprenait « orgasmatron » de Motorhead. La première fois qu’ils ont joué avec Motorhead, les Motorhead les ont jeté de scène! Donc, voilà, tu kiffes un groupe, tu fais une reprise et tu te fais jeter. Ca ne le fait pas.

Par exemple, nous on fait une reprise des Young Gods, ça me ferait bien kiffer de jouer avec eux mais comme ça me ferait bien kiffer de jouer avec d’autres groupes. Après c’est vraiment des rapports humains. On aime jouer avec des groupes qui captent notre trip, avec qui on est bien, on se pose pas la question à se regarder avec « t’es qui toi ? » etc. Par exemple ce soir avec Sleeppers, c’est des gens qui sont quand même beaucoup plus connus que nous, on est pas arrivé en disant « ouais c’est Sleeppers qu’est plus connu que nous ! ». On est arrivé « bonjour on s’appelle Wormachine » on sort une connerie et puis voilà…

LAM : Un truc à ajouter par rapport au groupe ou autre ?

WorMachine : Je dirais simplement qu’il faut que les gens fassent attention par rapport à tout ce qui se passe actuellement au niveau culturel. L’Etat d’un côté se désengage de la culture. Donc il y a énormément de structures qui sont obligées de s’arrêter, de salles qui arrêtent. Il faut que les gens se bougent et essayent de faire avancer les choses à leur niveau. Sinon au bout d’un moment la liberté de choix culturel va être forcément mise en péril. Maintenant quand tu écoutes les radios, les majors imposent leurs morceaux et les mettent en avant plutôt que des groupes indépendants. Quand tu prends la plus-part des radios, t’as un quota, t’as ci, t’as ça et ça nous saoule au bout d’un moment. La musique c’est aussi un partage, c’est pas du business. C’est du business parce qu’il faut que les gens qui la font puissent en vivre, puissent continuer à en faire. Mais le but de la musique, c’est pas ça. C’est d’envoyer des émotions. Quand tu vois des « pop stars » qui font que de la reprise pour générer du profit. Que le label qui est sponsor de Pop Star, qui a des billes là-dedans, il génère des droits par rapport aux morceaux qui sont repris… c’est du gros business de dingue que les gens ne soupçonnent même pas. Et il y a la liberté de choix qui est complètement bafouée. Les radios imposent leurs morceaux plutôt que essayer de faire découvrir.



Justement, je fais une petite parenthèse sur le téléchargement, le MP3, etc. Je pense que c’est un faux problème, les maisons de disque qui gueulent là-dessus. Elles ne gueulent pas parce qu’elles vendent moins ou que le disque est en péril. Le disque est pas en péril, c’est un faux problème.

Le problème c’est les magasins de musique qui se font des marges de dingues et qui suivent pas les groupes qui essayent justement d’en sortir.

Nous, on veut que l’album soit à moins de 15 €, on le retrouve à 19 € dans les bacs. C’est pas normal : ils se prennent 4 € de marge par rapport à ce qu’ils pourraient faire. Je trouve ça complètement inadmissible. Alors qu’il y aurait des gens qui pourraient l’acheter à 15 €, il se retrouve à 19 €. C’est quoi ce délire ?! La TVA ?!? Alors qu’ils arrêtent de se branler en disant que c’est la copie. C’est pas la copie ! Alors qu’ils revoient leur copie et qu’ils se demandent pourquoi les gens font du piratage.

Et puis en même temps c’est un moyen de faire écouter des choses aux gens, qu’ils ne pourraient pas forcément écouter en radio. Parce que justement ces radios ont des quotas par rapport aux labels, ils ont des deals et si un groupe ne vend pas, et bien ça va pas être diffusé, c’est tout !



C’est le mot de la fin !