OCELOT Michel (réalisateur)Le 02/10/2016

Michel Ocelot était présent aux cinémas Studio pour une rencontre avec le public en compagnie d’Anais de 7ème Factory, qui assure la distribution du film.
http://www.studiocine.com/



En premier lieu, le film Ivan Tsarevitch et la princesse changeante a été projeté. Il s’agit d’une suite aux Contes de la Nuit eux-mêmes dérivés des séries TV princesses et dragons réalisées par Michel Ocelot. Quatre contes présentent donc deux jeunes adultes qui se mettent en scène dans des historiettes philosophiques, morales et/ou oniriques.

Voici un résumé de ce qui s’est passé durant la rencontre :

Question du public :Pourquoi kirikou court aussi vite ?

Michel Ocelot : Au début je voulais qu'il ne possède pas de pouvoir et qu’il y arrive car il est intelligent et généreux. Mais il fallait que Kirikou retrouve son oncle. Puis il fallait aller chercher le chapeau puis contourner l'oncle etc. Finalement tout le monde aime le voir courir. Et c'est aussi une indication de son caractère : Kirikou va tout droit sans perdre de temps.

Question du Public : Quelles sont vos techniques de travail ?

Michel Ocelot : Prince et princesse : papier sur une table lumineuse. Très simple et pas cher.
La princesse changeante : A l'ordinateur mais de façon simple, comme pour des marionnettes. Mais sur l'animation c'est plus simple à la main et ça va plus vite avec moins de monde. Mais pour les décors c'est compliqué. Là à la palette graphique c'est beaucoup de plaisir.

Question du Public : Quelle place donnez-vous à la nature dans votre travail ?

Michel Ocelot : Dans le prochain film tout se passe à Paris. Il y a une séquence de plein air avec des impressionnistes mais c'est la célébration d'une capitale avec des cerveaux actifs.

Question du Public : La musique qui s’en occupe ?

Michel Ocelot : Je ne sais pas composer de la musique pour mes films. Je travaille avec des gens avec qui je m’entends. Ils font ce que je demande. Ce qui est passionnant.

Question du Public : Combien de temps faut-il pour faire un film ?

Michel Ocelot : Ca dépend ; si on compte la préparation, on peut dire 6 ans.
Si le film ne se fait qu’avec des silhouettes, il faut moitié moins de temps.



Question du Public : Est-ce que vous souhaiterez réaliser un film pour adulte un jour ?

Michel Ocelot : Je n’ai jamais fait de film pour enfant. C'est un film pour moi, sans distinction. Je sais que c'est de l'animation et qu’il y aura des enfants dans la salle, c’est la raison pour laquelle je fais attention de ne pas les heurter. Mais les adultes sont très touchés selon leurs témoignages. Et la dans la salle aujourd’hui il y a tous les âges. Je pense que les enfants sont heureux de ne pas être traités comme des enfants même s'ils ne comprennent pas tout.
Tout ce que je fais c'est de l'actualité brûlante.
Pour mon prochain film, le thème sera notre civilisation avec la violence faite aux femmes et aux petites filles.

Question du Public : comment avez vous fait le radar dans Princes et Princesses ?

Michel Ocelot : Pour le radar c’est une bouteille découpée, mais pas de 3D.

Question du Public : Art, architecture, costume, d'où vient l'inspiration ?

Michel Ocelot : Des livres. Des Bibliothèques. Quand j’ai des beaux livres, j’ai des idées et il y a tellement de civilisations c’est passionnant. Ensuite je cherche des petits trucs. Comme une sorte de chasse aux œufs.

Question du Public : Dites nous en plus sur les monstres et les fétiches.

Michel Ocelot : Un monstre c'est pour faire plaisir. Pour les fétiches, c'est par exemple pour le corps de Karaba, c'est pas facile d'animer sa silhouette. Du coup on l'anime peu et on utilise les fétiches, qui eux bougent beaucoup. Cela donne aussi des idées. Première idée, pour la fin quand il étreint Karaba, ils sont le couple idéal. Mais c'est trop court comme histoire dans ce cas. Cette idée fut abandonnée. Deuxième idée, il y avait le retour au village mais personne ne le connaît. Cette idée fut abandonnée. Et la troisième idée, et si les fétiches étaient des hommes ? C'est celle qui a été gardée.



Question du Public : est-ce qu’il y a de l’Improvisation lors de la réalisation ?

Michel Ocelot : Jamais. Car il faut travailler il n'y a pas de comédien.

Question du Public : Est-ce qu’il y aura des suites ?

Michel Ocelot : Il faut changer d'histoire. Mais pour Kirikou, il y a eu tellement de demandes qu'il en a eu 3. Mais il y aura d'autres histoires.

Question du Public : Avez-vous des conseils pour une école d’animation particulière ?

Michel Ocelot : Je suis content du succès de l'animation, un peu déclenché par Kirikou. Les écoles en France sont très bonnes. Les élèves sont recrutés avant la fin du cursus. L’important, c’est que l’étudiant travaille, y compris en dehors de ses heures de classe et il s’en sortira.

Question du Public : Quels sont vos derniers coup de cœur ?

Michel Ocelot : Je travaille beaucoup, je n’ai pas beaucoup le temps de voir grand-chose. Mais par exemple : Persepolis réalisé par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007) ou alors Ma vie de courgette réalisé par Claude Barras (2016).

Question du Public : est-ce que vous pouvez nous parler de votre prochain film ?

Michel Ocelot : Dans mon prochain film, l'héroïne est une kanake française. Mon souhait est de célébrer une civilisation. Cela se déroulera à Paris à la Belle Époque.
A cette période il n’y a que des blancs. Ce qui me faisait prendre le risque de frustrer une partie du public. Du coup, le fait d'avoir une métisse : c’est intéressant. Il y a toujours un rejet des deux communautés. C’est un sujet dont il faut parler. Il y avait Louise Michel qui était déportée en Nouvelle Calédonie. Elle s'est bien comportée en apprenant à lire à des enfants sur place etc. Il y a eu des digressions dans mon esprit. Et je suis arrivée à cela : et si Louise Michel était métisse… Cela donne une femme qui mène une enquête sur des enlèvements de petites filles.

Question du Public : Est-ce qu’il y aura d’autres livres ?

Michel Ocelot : Oui. Il y a aussi un travail d'adaptation, avec de la recréation d'images notamment pour les dialogues.

Question du Public : Pourquoi est-ce qu’il y a plusieurs histoires dans ce long métrage Ivan Tsarevitch et la Princesse changeante

Michel Ocelot : ça dépend des fois. Il n'y a pas de règle sur ce point

Question du Public : Que pensez vous de la dentelle de papier ?

Michel Ocelot : C'est ancien. Je l’ai utilisé pour faire un film. C'est facile à utiliser et c'est beau.

Question du Public : Depuis quand avez-vous eu envie de faire des films d'animation ?

Michel Ocelot : Depuis tout petit je faisais du dessin, du bricolage. J’adorais faire des cadeaux bien enveloppés, pratiquer plusieurs arts. Avec l'animation je peux continuer à tout faire. Parler de tout ce qui m'intéresse, voyager, faire de la musique. J’ai compris à 18 ans que c'est de l'animation que je voulais faire.



Question du Public : Est-ce que vous avez fait des interventions en école ?

Michel Ocelot : avant oui mais pour l'instant je n’ai pas le temps.

Question du Public : Et dans les Ecoles d'art ?

Michel Ocelot : J’ai été professeur en DMA. Mais je demandais trop aux élèves. Maintenant je n’ai plus le temps. C'était à sainte geneviève. En général toutes les écoles sont bonnes. Il faut que l'étudiant travaille dur.

Question du Public (dame d’origine russe): Que pensez vous de l’animation russe ?

Michel Ocelot : j’apprécie Edouard Nazarov... Du temps des communistes c’était très bien. Maintenant beaucoup ont arrêté, c’est dommage. Les trésors sont perdus. Ivan Bilibine, c'était très beau.

Question du Public : quel accueil dans le reste du monde ?

Michel Ocelot : Kirikou s'est vendu partout. Le premier pays a l'avoir acheté : La Norvège. Les norvégiens savaient que cela allait fonctionner. Ils ne se sont pas trompés. Les seuls pays qui ne sont pas intéressés sont les pays anglo-saxons qui ne veulent que de l'américain.
Par exemple : Princes et Princesses (2000) tourne toujours actuellement

Question du Public : Quel est votre travail pour le doublage ?

Michel Ocelot : Pour le doublage, je dirige en anglais, italien, espagnol. Comme ça ce n'est pas n'importe quoi.
Isao Takahata a traduit Kirikou et La sorcière pour le plaisir. Il a dirigé le doublage japonais de Kirikou et La sorcière ainsi que Azur et Asmar. Avec le respect de pas traduire l’arabe.
C’est une chance de l’avoir eu comme traducteur.

Pour en savoir d’avantage pour pouvez écouter la longue interview (30 minutes) que nous a accordée Michel Ocelot:

Pour écouter l'interview :

Pour télécharger l'interview: itw.MichelOcelot.2016.mp3



MichelOcelot.Tours.2016