Axioma Ethica Odnini

Groupe : Enslaved
Label :  
Année de sortie : 2010



Date de sortie : septembre 2010

Enslaved est un groupe impressionnant. Leur nouvel album est si polymorphe, que vous allez pouvoir l’écouter une infinité de fois avant d’en avoir fait le tour. Leur son profond, mais pas plombé, est vraiment captivant. Dès le premier titre Ethica Odini, vous serez enveloppé par leur son qui part dans tous les sens. Vous avez une bonne grosse base, avec une rythmique solide et par petites touches un riff de guitare qui s’envole et casse la monotonie du titre, avec un gros break arrivé au deux-tiers du morceau, avant de repartir sur une belle accélération. Les alternances de voix permettent également de donner beaucoup de relief à l’album. Enslaved n’arrête pas de brouiller les pistes, mais sans jamais vous perdre. Sorte de jeu de colin maillard, vous allez être privé de vos repaires habituels, vous sentir parfois fragilisé, mais jamais en déséquilibre. Les parties agressives sont toujours contrebalancées par un passage plus calme ou plus théâtral (Raidho). Et toujours ce son de guitare acérée, qui s’impose à vous, au dessus de tous les autres instruments et de la voix, comme pour vous rappeler l’essentiel de la musique d’Enslaved. Les mélodies changent également beaucoup d’une chanson à l’autre, « Waruun » possédant trame principale bien Black Métal, avec des parties atmosphériques et quelques petites touches orientales. Le tout sur un rythme soutenu. Un très beau travail de composition. « The Beacon » vous enfoncera encore un peu plus dans les profondeurs sombres de la musique d’Enslaved. Ces relents Black sont temporisés par des passages avec des chœurs, ce qui adoucit notablement le titre et lui donne un petit côté qui fait penser à ce que pourrait faire un groupe comme Moonspell. L’intermède que constitue « Axioma » avec ses 2’20 de musique ambiant ne va pas manquer de vous surprendre par sa douceur. Mais ne croyez pas que cela va vous sauver. « Giants » est là pour faire comprendre que vous n’êtes pas encore arrivé au bout de vos peines. Ambiance ultra lourde, à la limite du doom, sur ce titre particulièrement prenant et étourdissant. « Singular » est un titre très contrasté, car d’un côté vous avez cette voix Black ultra violente, avec quelques passages bien appuyés, mais aussi une belle voix claire. Tout au long des 7’43 du morceau, Enslaved s’amuse avec votre perception musicale. Car la musique dégage une certaine tension presque palpable, presque hargneuse et pourtant il y a toujours un petit élément qui fait que le titre est agréable à entendre. Comme si la mise en danger était plaisante. Une sensation vraiment surprenante. « Night Sight » ne pourrait pas être plus à l’opposé de ce que vous venez d’entendre. La douceur musicale de l’intro de ce titre entre dans la catégorie pop, limite psychédélique. Puis après une petite montée où vous sentez qu’il va se passer quelque chose, notamment par l’accélération du riff, l’explosion arrive, avec la voix Black et pourtant le thème principal ne change pas. S’en suivent des breaks improbables et une alternance qui fait qu’il est tout de même difficile d’accrocher sur ce titre, tant l’amplitude d’ambiance est importante. « Lightening » (7’51) est une explosion de tout ce qui fait la beauté de l’album. Ultra théâtral et symphonique, ce titre ose toutes les ruptures et tous les mariages sonores possibles. Et cette fois le charme opère. Peut-être le morceau le plus aboutit le plus envoûtant.

Cet album d’Enslaved est un voyage vous offrant un paysage ultra contrasté, qui vous laissera des souvenirs impérissables. Déstabilisant et surprenant vous apprécierez forcément ce dernier opus du groupe.



Xavier