A l’origine, « Les Débris du chaudron » était une novella inspirée des mythes sur la déesse blanche Kerridwen. Succès oblige, la première édition s’épuisa. Quelque temps plus tard, sa talentueuse auteur(e), Nathalie DAU, a décidé de donner à ce très beau récit une seconde vie (digne des réincarnations de son héroïne de Déesse) en le republiant par le biais de sa maison d’édition ARGEMMIOS, dédiée au folklore, à l’imaginaire et au rêve. Mais c’est bel et bien un nouvel ouvrage que l’on tient entre les mains : le texte a été étoffé pour prendre plus de maturité mais surtout, il est agrémenté d’images tel un digne héritier de fables et autres contes illustrés par M. Gustave DORE. Magali VILLENEUVE nous offre ici de magnifiques crayonnés en noir et blanc transcendant parfaitement l’aura mystérieuse des personnages. N’oublions pas la fantastique profondeur de la couverture, cette fois en couleur, qui nous dévoile magistralement les enjeux qui vont se jouer autour de ce terrible chaudron.

Le texte est également une vraie réussite. Au fil des chapitres, nous nous laissons entraîner sur les traces des antiques légendes celtiques et nous suivons le petit peuple dans la création de notre monde. Passé, présent et futur s’entremêlent sans jamais laisser place à la confusion. Nathalie DAU a su puiser dans différentes sources et nous offrir une version personnelle des mythes environnant la Déesse-Mère, son mari Kernunnos et leurs enfants, les héritiers des trois couronnes qui gouvernent le monde. L’aventure se présente comme un contre-la-montre qui scellera l’avenir du monde. Plus les pages défilent, plus on est convaincu par les personnages et plus on s’inquiète de la destinée de tous. On ressent aussi beaucoup l’amour de Nathalie DAU pour les terres ancestrales : le Pays de Galles et la Bretagne. Le style est beau, soigné et toujours si particulièrement enchanteur. On s’y plonge sans concession et il nous envahit, ne nous quittant pas tout à fait à la fin de notre lecture. On apprécie beaucoup le respect pour la Nature et les liens indéniables entre les souffrances ou les joies du Petit Peuple et leurs répercussions sur les plantes, les animaux et notre environnement tout entier. La pollution, par exemple, est clairement identifiée au poison distillé par Affang. Les auditeurs de l’Autre Monde apprécieront la description du groupe de heavy metal dans le chapitre 10 : ce n’est pas si souvent que l’on échappe aux stigmatisations lorsque l’on évoque ce type de musique…Les poètes aimeront l’ensemble de l’ouvrage, où la délicatesse est palpable à tout moment. Ils bénéficieront en outre de deux odes à l’amour à la suite de l’épilogue. Quant aux férus d’histoire, ils trouveront leur bonheur dans un très sympathique et enrichissant glossaire en fin de recueil.

« Les Débris du chaudron », est donc une œuvre complète, tout en beauté et en virtuosité qui ne demande qu’à vous emmener sur les chemins des fées et des korrigans en (re)découvrant les Dieux celtiques fondateurs et leurs pouvoirs à la fois terribles et merveilleux.