Les Serpents aveuglesAnnée de sortie : 2008

Auteur : CAVA/SEGUÍ
Editeur : Dargaud



Album cartonné/64pages couleurs

Collection : long courrier

Date de parution : 22 août 2008

ISBN : 9782205061161

Mais qui est donc cet homme habillé de pourpre qui recherche Ben Koch ? Il paraît connaître beaucoup de choses mais semble incapable de retrouver un homme précis. Il agit également un peu comme si il traversait les âges… En tout cas, ce n’est certainement pas Red, propriétaire d’un modeste hôtel New-yorkais, qui dénoncera son ancien ami. Parallèlement, Ben Koch a sa propre quête : celle d’un homme aux identités multiples, comme lui. Nous apprendrons au fil des sept chapitres les tenants et les aboutissants de ces traques à l’homme. Au passage, nous parcourrons les idéaux communistes (toujours ce rouge omniprésent dans l’album) de jeunes américains à la veille de la seconde guerre mondiale puis nous voyagerons en Espagne en pleine guerre civile. L’album est tout en nostalgie, surtout à travers la représentation graphique d’un New York jazzy à l’ancienne. Les planches sont comme matinées, et si le dessin n’était pas si personnel on penserait à un album photo. Seguí met ici tout un talent à sublimer la ville, à la fois écrasante et accueillante. Les personnages s’y fondent sans peine. Et c’est ce qu’ils désirent au fond d’eux-mêmes : être absorbés par ce décors urbain et voir disparaître leurs souvenirs. Tous ont un passé trouble et bien malin celui qui le devinera. En attendant, Ben a rompu un certain pacte et l’homme au costume écarlate ne lâchera pas l’affaire. Il est d’ailleurs un peu trop mystérieux pour appartenir tout à fait à notre monde celui-là…Un récit très bien construit sous forme d’intrigue politico-historique avec le côté crasseux du polar qui rappelle les gangsters du passé. Le découpage en sept parties est très agréable et permet de bien se repérer dans les flashs back. On découvre l’histoire avec plaisir et on se laisse porter par la forte atmosphère qui se dégage de cet album. Il est rare qu’une bande dessinée offre un cadre aussi fort grâce à son ambiance, assez rare pour qu’on se plonge dans la lecture de « Les serpents aveugles » sans se poser de questions inutiles et en savourant l’instant.

Tiphaine