Primal Zone, tome 1Année de sortie : 2009

Auteur : GABRION Pierre Yves
Editeur : Delcourt




Collection : Hors Collection


111 pages NB


Date de parution : 09 septembre 2009


ISBN : 978-2-7560-1691-7


La création de Primal Zone est pour le moins inhabituelle. Tout a commencé pour Pierre Yves Gabrion un mois après le décès d’un de ses amis, artiste peintre, qui avait été diagnostiqué ‘bipolaire’. C'est-à-dire schizophrène. Vous en apprendrez plus à la fin de l’album avec des reproductions de cet artiste et un texte explicatif de Pierre Yves Gabrion.


Au départ, cette aventure a été publiée en temps réel sur facebook. Vous pouvez encore aujourd’hui découvrir l’intégralité de ce premier volume, ainsi que les premières pages du second sur le site internet http:// www.primalzone.net .


Vous pouvez désormais retrouver cette histoire éditée chez Delcourt dans un format proche des comics indépendants. Comme l’annonce le 4ème de couverture : ‘Une plongée dans l’univers psychotique d’un homme qui n’a plus d’âme’. Tout un programme. Mais surtout quelle expérience ! Rien ne vous prépare à ce que vous allez découvrir en lisant Primal Zone.


Si le style graphie en noir et blanc est très fortement inspiré par Frank Miller, le scénario est impressionnant. Ici aucun compromis n’est possible. Tout au long de la BD, vous allez être malmené. Faites tout de même attention dans votre lecture, car il y a plusieurs clins d’œil de la part de P Y Gabrion à ses influences et coups de cœur (cf le dernier dessin). Le personnage principal, surnommé le Varan est un ancien malade, qui a tué sa propre mère à l’âge de 10 ans (cela vous rappelle peut-être Michael Myers d’Halloween qui a tué sa sœur). Celui-ci après un long traitement en institut spécialisé a été remis en liberté, car déclaré apte à vivre en société : grossière erreur. Mais comment pouvaient-ils savoir ?


Toujours est-il que désormais le Varan est parmi nous. Et il doit nourrir la bête qui est en lui, un certain Ortog. Un monstre insatiable, qui le pousse au meurtre. Du coup, le Varan est devenu une sorte de tueur à gage. Pratique, comme métier : il gagne sa vie et nourrit son monstre. Mais le contrôle n‘est pas facile. Ortog devient de plus en plus fort et lorsqu’il prend le contrôle, le résultat n’est jamais beau à voir. Le Varan va alors décider de tenter de reprendre les choses en mains, mais en chemin il va rencontrer, Jorge Eish, un peintre halluciné qui va lui mettre des bâtons dans les roues. Et surtout la police lui court après depuis pas mal de temps, une drôle d’enquête pour l’inspecteur Mac.


Primal Zone est très déroutant, car les visions schizophréniques du Varan nous font passer sans prévenir de notre monde, à celui qu’il pense voir. Au final, ce qui pourrait être un récit fantastique se révèle être un récit réaliste avec des passages de folie, un peu à la manière des derniers films de David Lynch. Mais cette fois, la fin tient la route et est parfaitement compréhensible. Cette réalité altérée, donne beaucoup de force à l’histoire, car elle conserve toute sa véracité. Elle est plausible et devient effrayante.


Pour les clins d’œil dont je vous parlais, vous retrouverez en autre p.53, un profil du Varan qui rappelle celui de Marvin dans Sin City de Frank Miller. P. 61, une adaptation de la couverture de Tarzan se battant avec un singe. P. 79 une nouvelle version de la création d’Adam de Michael Ange (plafond de la chapelle Sixtine). Je ne vous les donne pas toutes, à vous d’être attentifs.


Primal Zone est une découverte très marquante. Une BD coup de poing que l’on lit une première fois sans trop savoir ce qui se passe. Puis une fois les explications données par l’auteur sur la création de la BD et son ami Jorge Eish, vous la relisez et vous frissonnez une deuxième fois, mais pas pour les mêmes raisons.


Une BD dure et inoubliable.


Xavier