Ikigami, Préavis de mort, vol.5Année de sortie : 2010

Auteur : MASE Môtoro
Editeur : Asuka/Kazé Manga



Date de parution : 28 janvier 2010

Format : 127 x 182 mm

Noir & Blanc

ISBN :9782849657249



Dans ce cinquième volume d’ikigami, vous allez retrouver comme à l’accoutumée deux destins tragiques. Cependant, vous allez en apprendre vraiment plus sur ce que ressent Fujimoto. Car son travail de livreur des ikigami pèse de plus en plus sur sa conscience. Son chef de service, qui a un œil bienveillant sur lui, ne cesse de lui rappeler qu’il ferait bien de surveiller son langage. Car certains de ses doutes pourraient le faire passer pour un élément dégénéré de la société et avoir des conséquences dramatiques pour lui. La police a des oreilles partout, une parole peut faire basculer une vie !

Quant à ceux qui vont recevoir l’ikigami, le premier est un employé d’une entreprise de peinture, qui tague les murs la nuit, pour pouvoir les nettoyer le jour. Cela lui permet d’être sûr d’avoir toujours du travail. Mais cette vie ne lui convient pas, il a renoncé à tous ses rêves de dessins pour suivre les exigences de son père. Recevoir l’ikigami est l’occasion pour lui de se racheter et de partir avec la conscience tranquille. Une belle leçon de courage et de sincérité. Les dessins de Motorô MASE sont particulièrement expressifs, avec de gros plans sur les visages. Dans ce cas, les yeux, la position du corps vous transmettent un message limpide en un instant (p. 34 ; p.58).

Dans la seconde histoire, c’est un lycéen qui fait du prosélytisme pour la loi de Prospérité qui va recevoir l’ikigami. Ce qui le remplit de joie. Il va en effet devenir un héros de la nation et faire la fierté de son père, policier. Mais à trop vouloir en faire, il va aller beaucoup trop loin et subir un terrible revers. A voir le mal partout, l’aveuglement peut s’emparer de vous et de ceux qui vous écoutent.

Ce récit est particulièrement troublant, car comment peut-on se réjouir de mourir ? Si Fujimoto est en proie au doute, vous ne pourrez que l’accompagner dans ce labyrinthe de sentiments contradictoires qui s’imposent à vous. Ce qui est le plus révoltant vient de la résignation dont fait preuve le père d’ikuhiko. Comment peut-il mettre autant de pression du son fils et agir comme il le fait. C’est à croire qu’il est dénué de tout sentiment personnel, ses actions semblant uniquement dictées par la loi de prospérité nationale et le discours officiel qui l’accompagne.



Ikigami n’en a pas fini de nous surprendre et de nous malmener. Tout ce que nous attendons, c’est de voir quelqu’un se rebeller contre cette loi insupportable. Mais comment faire pour lutter sur un système qui réprime systématiquement celui qui a une idéologie déviante ? A moins de provoquer une prise de conscience massive, mais comment faire ?

Il faudra suivre la série pour en savoir d’avantage et découvrir comment va s’en sortir Fujimoto. Pourra-t-il délivrer encore longtemps les ikigami en se torturant l’esprit ?



Je n’arrête pas de le répéter : ikigami est une série dérangeante et passionnante. Elle a déjà reçu quelques prix (Utopiales 2009…) et a été sélectionnée au dernier festival international de la BD d’Angoulême où le film réalisé au Japon en 2008 et tiré de la série a été diffusé. Preuve qu’ikigami mérite toute votre attention. Vous ne devez donc pas passer à côté.

Xavier