Charlotte Bousquet aime parler de situations réelles terribles en utilisant l’approche fantastique pour ce roman sur la Llorona. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, selon l’index que vous trouvez à la fin du roman, la Llorona est la Femme qui pleure, une figure mythique, originellement aztèque, qui a développé de nombreuses variantes en forme de légendes urbaines. Charlotte Bousquet a choisi de la faire se manifester à Ciudad Juarez, là où les narcos trafiquants sont les rois, où la police se moque de faire régner l’ordre et où les femmes meurent uniquement en raison de leur sexe.

Pourquoi avoir imaginer un endroit aussi horrible vous demandez-vous ? Et bien le pire, c’est que mis à part l’intervention de la Llorona, Charlotte Bousquet n’a pas eu à chercher bien loin : une petite visite sur le site d’Amnesty International, puis sur celui Casa Amiga ou La Cité des mortes et toute l’horreur de la dure réalité vous saute aux yeux. Et c’est pour réussir à nous faire supporter tout cela que le fantastique est utilisé par Charlotte Bousquet. C’est ainsi qu’est née Evelia, une spirite tueuse à gage. Elle est là notamment pour accomplir le désir de vengeance de spectres qui ne pourront trouver le repos éternel qu’une fois l’auteur de leur assassinat correctement puni. Malheureusement pour elle, Evelia a l’art et la manière de s’attirer les ennuis. Il faut dire qu’elle possède une personnalité plus que compliquée. En partie inspirée par Frida Kahlo, Charlotte Bourquet a également mis de la fragilité dans son héroïne. Et nous voilà en présence d’une véritable tueuse, qui peut tuer son prochain pour faire plaisir à un fantôme aussi vite que tomber dans les bras du premier dragueur de pacotille venu. Ajoutez à cela une addiction à la tequila et vous avez un bon aperçu de la belle brune que vous allez accompagner tout au long des 250 pages du roman.

Tout commence ainsi : Evelia est en prison, mais ses talents et sa réputation vont lui permettre d’en sortir. Les fédéraux ont besoin d’elle pour une mission spéciale : direction Ciudad Juarez, avec un ange gardien particulièrement séduisant. Mais que veulent véritablement les fédéraux US ? Et pourquoi l’envoyer elle ? A moins qu’il n’y ait d’autres raisons, bien moins avouables qu’une enquête sur des féminicides.

Vous allez vous sentir mal à l’aise pendant que vous lirez Llorona on the Rocks et cette sensation ne vous lâchera pas, même une fois la lecture terminée. En effet, même si Evelia se débrouille plus tôt bien à l’aide de ses couteaux et Glock 7, rien ne vous fera oublier la terrible réalité qui a inspiré cette histoire. Il y a certes le folklore mexicain avec sa mythologie et ses croyances, mais tout ramène à la mort de jeunes innocentes. Alors soyez prêt à affronter la Llorona, Xolótl, Malinche et autre Rulahos, car Evelia les croisera tous, plus ou moins dans sa terrible enquête.

Llorona on The Rocks est un roman qui vous remue les tripes et qui appuie là où ça fait mal en interpellant votre conscience.