Ce roman canadien va vous proposer une nouvelle expérience qui mêle le réel et le virtuel.
D’un côté, la vie pathétique et glauque d’une petite famille, entre alcoolisme, violence conjugale et brimades verbales. De l’autre, la création du corps féminin parfait. Le plus surprenant c’est le nombre de connexions qui existe entre ces deux « lieux de vie » et les circonstances qui entraînent une sorte d’interaction alors que de prime abord tout les oppose.

Le virtuel pourrait être une échappatoire dans la vie de la narratrice, mais ce serait trop facile. Karoline Georges utilise un style plus intelligent où tout s’entremêle.
Nous ne connaîtrons jamais le prénom de la narratrice, alors que nous aurons des informations sur le choix du prénom Anouk, pour son avatar. Et dans ces explications il y a un souvenir de famille bien réel.
Voilà le genre de mélange entre les deux univers que vous propose Karoline Georges.
Quand la narratrice est mannequin, l’image qu’elle donne à travers les magazines, publicités et autres défilés, n’est réelle que grâce aux coiffures, maquillages et autres tenues. Alors que c’est bien et que son travail est bien concret. Et ensuite toutes les versions d’Anouk ne seront que le prolongement d’une idée d’une amie de la narratrice.
La maladie de sa mère, le cancer, qui s’attaque au corps, qui le détruit, est en complète opposition avec les nombreuses créations des différentes versions d’Anouk. Les évolutions d’Anouk sont des reflets ou des projections. Là encore les deux mondes se côtoient.

C’est cet enchevêtrement qui est un vrai plaisir de lecture. Car pris indépendant les sujets abordés pourraient être très plats ou glauques : les difficultés de communication avec les autres, l’alcoolisme, le mannequinât, la maladie. Mais la façon de les aborder de la part de Karoline Georges, de les mettre en perspective, en parallèle, en opposition ou en interaction avec ce monde virtuel où se crée et où vit Anouk, cela donne un relief très particulier au récit. Votre lecture sera dynamisée. L’intensité de certains passages ne manquera pas de faire ressurgir en vous des émotions qui pourraient être intenses, surtout si elles vous rappellent des expériences personnelles.
Le récit à la première personne donne aussi beaucoup de force à « De synthèse », qui contrairement à ce que laisse supposer son titre, met en avant ce qu’il y a de plus réel en nous tous. Que quoi s’agit-il? A vous de le découvrir à la lecture de ce roman.

Xavier