Nous sommes dans un monde rétrofuturiste où humains et robots se côtoient, les robots ayant de nombreuses tâches/métiers attitrés sans pour autant être particulièrement bien considérés. La jeune Iséa, très solitaire, s’appuie sur la tendresse de sa nounou-robot quand elle est à la maison, c’est sa confidente et celle qui lui apporte l’amour que sa propre mère lui a toujours refusé. En journée, elle passe son temps libre (récrés) à visionner en images « Cyrano de Bergerac », une œuvre que lui a conseillé son amie longue distance qu’elle ne connaît que virtuellement, Tal. En conséquence, elle est souvent en retard en classe et même si certains camarades tente de l’aider, elle ne les remarque pas. Jusqu’au jour où la mère d’Iséa décide de se débarrasser de Débry la robot pour des raisons obscures (en tout cas celles qu’elle invoque parce qu’en réalité tout est malheureusement très limpide). Iséa ne le supporte pas et décide de fuguer et de retrouver coûte que coûte sa nounou.

Nouvelle série chez Dupuis, « Les cœurs de ferraille » déclinera en trois tomes la subtilité des relations imposées ou acquises avec Beka au scénario et Munuera au dessin. Avec ce premier tome, les liens mère-fille se retrouvent sous le feu des projecteurs montrant que l’on peut créer de l’attachement et même plus avec quelqu’un d’autre qu’un géniteur. Et aussi que les liens du sang peuvent être toxiques.

Ne nous voilons pas la face, en plus d’être un vrai page turner (même si on ne peut que s’attarder sur les illustrations de Munuera), cet album accrocheur est parfait de bout en bout. Je suis totalement séduite par la profondeur du propos, la délicatesse des différents sentiments évoqués et un vrai vent d’aventure qui en émane. Si l’on ajoute la référence littéraire extrêmement bien mise en valeur et les somptueuses illustrations, on se trouve avec sous les yeux et entre les mains une des meilleures BD de 2022.

Tiphaine